Derb Ghallef, en
apparence un quartier ordinaire de la
ville de Casablanca, est en réalité le
havre du piratage pour les casablancais.
Il est connu dans toute l’Afrique du Nord
pour ce que l’on peut y trouver
: Films à deux mois de leur sortie,
jeux vidéo gravés... Tout ce qui touche au
multimédia et au divertissement ludique est
piraté d’une manière ou d’une autre à Derb
Ghallef. Ce vol de propriété intellectuelle
fait perdre au Maroc 2 milliards de
dirhams chaque année, le téléchargement
illégal de musique coûtant à lui tout
seul 156 millions de dirhams.
Le Bureau National de la Protection
de la Propriété Intellectuelle a récemment
précisé dans un communiqué que le Maroc
est en deuxième position
après le Brésil dans le domaine du
piratage. Loin d’en être fières, les
autorités marocaines ne cessent d’affermir les lois et
mesures contrant ce fléau, d’où les
perquisitions régulières à Derb Ghallef
suite au nombre alarmant de CDs et
DVDs gravés. En effet, la peine
d'emprisonnement pour la vente de produits
piratés est passée d’un mois à quatre
ans, avec en plus une amende de
60 millions de dirhams. Ce qui est
toutefois surprenant est que les autorités
marocaines se montrent plus sévères envers
les commerçants des productions locales
piratées, plutôt que d’autres productions
internationales.
Toutefois, bien que le Maroc ait signé plusieurs accords protégeant les droits de la propriété intellectuelle, la vente de produits piratés va de bon train. Les dernières statistiques estiment que le nombre de DVDs gravés commercialisés s’élève à 600 DVD par semaine.
Par ailleurs, le piratage de films se révèle la cause directe
de la fermeture des salles de cinéma marocaines: de 150
salles en 1980 à 50 salles en 2011 ; ce nombre ne cesse de
diminuer. Cette situation est déplorable d’un point de vue
culturel, car elle a tendance à tuer à petit feu la vie
artistique dans les villes marocaines. Aussi s’agit-‐il d’un
cercle vicieux : les personnes qui travaillaient dans les
cinémas deviennent des vendeurs de films gravés, le piratage
étant une source d’argent facile qui leur permet d’échapper au
chômage, d’autant plus que le piratage touche maintenant à tous
les secteurs, que ce soit les programmes informatiques, les
cartes des récepteurs satellites, les Compact Disc (CD), les
Vidéo CD (VCD), les Digital vidéo disc (DVD), les cassettes
audio ou le prêt-‐à-‐porter.
Force est donc de se questionner sur l'expansion de plus en plus courante du piratage. La réponse réside essentiellement dans le point suivant: dans un pays constamment influencé par le modèle occidental et où le pouvoir d’achat n’est pas élevé, l’individu trouve dans le piratage une solution peu coûteuse pour se divertir. Ceci dit, la très forte demande caractérisant ce marché a fait en sorte que le produit soit maintenant accessible à toutes les classes sociales. A titre d’exemple, un DVD de jeu vidéo vendu à 50€ à la Fnac coûte 10 Dirhams à Derb Ghallef, soit moins d’un euro. Quelle serait alors la solution adéquate pour lutter contre cet ennemi juré de l’économie marocaine ?
Les autorités semblent prendre des mesures de plus en plus drastiques envers les vendeurs pirates, mais les activités de ces derniers continuent de prospérer.
Il y’aurait donc un autre angle de
lecture à adopter pour approcher convenablement
cette situation : à défaut de créer des
emplois pour ces jeunes, souvent diplômés, l’état
marocain préfèrerait-t-il laisser faire ?
AMMOR Chaïmae & BENMAKHLOUF ANDALOUSSI Youssef
AMMOR Chaïmae & BENMAKHLOUF ANDALOUSSI Youssef
Sources (Arabe):
http://archive.aawsat.com/details.asp?section=54&article=613593&issueno=11802#.Vm84ZN8ve1s
http://www.aljazeera.net/news/cultureandart/2011/10/10/%D8%A7
http://www.alaraby.co.uk/economy/2015/5/6/%D8%B3%D9%88%D9%
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