Une
nouvelle vision d'une pêche plus durable et efficace pourrait
contribuer à la résolution du problème de la faim dans le monde.
D'ici
2050 nous atteindrons le seuil des 9 milliards d'habitants sur la
planète. Pour sustenter toutes ces personnes
il faudrait alors exploiter davantage de terres,
qui sont de surcroît menacées par l'impact grandissant du
réchauffement climatique. Comment allons nous nous sortir de cet
épineux problème ?
Si
la clé ne se trouve pas sur terre, elle se trouve sûrement dans les
océans. En effet en ce qui concerne l'agriculture, le dilemme
est de choisir entre sauver la biodiversité et produire de la
nourriture. Pour permettre aux cultures de se développer, le
sacrifice de l'écosystème présent est souvent nécessaire, à
l'instar des forêts ou des prairies pour créer des champs, et il
s'agit le plus souvent de monocultures qui appauvrissent la terre.
Afin de compenser ce phénomène, on use à outrance des engrais et
pesticides, ce qui a pour effet de nous plonger dans un cercle
vicieux en détruisant certains organismes indispensables à la
régénération des sols tels que les lombrics. A l'inverse,
la magie des océans réside dans le fait que préserver la
biodiversité est synonyme d'abondance de nourriture. Dans un
environnement sain et protégé, les poissons vont avoir tendance à
prospérer et se développer. Or de nos jours,
en raison de la surpêche intensive les écosystèmes marins
s'amenuisent et ont de plus en plus de mal à répondre à la demande
croissante mondiales des industries alimentaires. Ce phénomène est
amplifié par le gaspillage extrême engendré par des techniques de
pêche destructrices comme la pêche au chalut, qui retient dans ses
filets des prises qui meurent en vain car non destinées à la
consommation.
Il
ne s'agit alors plus de pêcher toujours plus mais de pêcher mieux.
C'est ce qu'on pourrait appeler la pêche durable, qui s'exprime à
travers ce diptyque : l'établissement de quotas et l'adoption
de techniques de pêche plus respectueuses de l'écosystème marin.
Il a été observé en divers endroits, notamment en Norvège,
qu'imposer des limites à la pêche permet le retour des pêcheries
(espaces aménagés et dédiés à la pêche),
ce qui suppose de connaître les stocks possibles par espèces. Il
s'agit ensuite d'exploiter ces stocks avec des techniques de pêche
non destructives comme les lignes de traîne, les sennes ou les
palangres pélagiques et arrêter totalement la pêche au chalut ou à
la drague, qui détruisent les fonds marins et ne favorisent pas la
régénération des espèces. Pêchez mieux pour en retirer plus pour
tout ceux qui souffriront de la faim.
Plusieurs
programmes de pêche durable existent déjà et ont fait leurs
preuves. En Somalie, après le tsunami de 2004 plusieurs petits ports
de pêche non reliés par les routes qui souffraient déjà de la
pauvreté générale du pays ont vu leurs rares sources de revenus
balayés par les eaux. Mais grâce au Fond de Développement du
Japon, certains villages on pu s équiper d'équipements de
pêche de pointe qui permettent notamment un meilleur stockage et
donc une réduction notable du gaspillage. Les résultats sont là :
les revenus des villages ont augmenté de 20 à 30 % et les
familles ont de quoi se nourrir convenablement.
Devant
un tel engouement pour cette nouvelle vision de la pêche, plusieurs
organismes et instituts de recherche se lancent dans le développement
d'une pêche toujours plus durable. Worldfish est l'un de ses
instituts et développe des technologies qui permettent
l'augmentation de l'aquaculture et d'en maximiser l'impact sur la
pauvreté et la faim sans menacer l'environnement. Worldfish s'est
notamment impliqué au Bangladesh où 20 millions de personnes
souffrent de sous-nutrition. Cela ne devrait plus
être le cas. Plus de 20 millions d'étangs seraient exploitables. Le
programme CGIAR pourrait permettre d'utiliser ces étangs comme
sources locales de revenus et de nourriture.
Le
problème de la faim dans le monde, même s'il est global, ne peut
vraiment se résoudre qu'à petites échelles, tout comme celui de
l'impact néfaste de l'homme sur l'environnement. C'est dans cette
vision que s'inscrit la pêche durable et pourrait permettre à
plusieurs millions de personnes de manger convenablement.
Gabriel
Vallejo and Alexandre Mignucci
-> La
pêche à la traîne consiste à laisser traîner un appât derrière
un bateau en mouvement.
-> La
pêche aux sennes, quant à elle, consiste à capturer des poissons
à la surface en les encerclant avec un filet. Les palangres
pélagiques sont des cordages munis de plusieurs hameçons.
http://www.worldbank.org/en/news/feature/2013/10/09/a-fisheries-project-on-somalia-s-eastern-coast-helps-fight-hunger-and-poverty
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