Des
murs pour la liberté
Alors
qu’on fêtait le 25ème
anniversaire de la chute du mur de Berlin en 2014, il reste de
nombreux murs sur la planète qui divisent, protègent, séparent
pour des raisons politiques ou économiques. Pourtant les murs
peuvent servir de support pour la liberté, notamment grâce au
street art.
C’est
le cas de l’afghane Shamsia Hassan qui se bat pour le droit des
femmes. Cette jeune femme est née en Iran en 1988, ses parents ayant
fuit le régime des Talibans. Elle est retournée en Afghanistan à
la fin des années 90 quand les Talibans ont été chassés du pays,
ce qui a permis une très relative amélioration du droit des femmes
dans le pays. Passionnée par l'art dès son plus jeune âge, elle a
pu réaliser ses rêves en suivant des cours d'art contemporrain à
l'Université de Kaboul, où elle enseigne maintenant.
Quel
est son travail ? Professeur, artiste, révolutionnaire - elle peint
essentiellement des graffitis de femmes en burqa bleue dans la rue,
la couleur bleue symbolisant la liberté. Les femmes regardent
d'ailleurs souvent le ciel, comme pour chercher une issue à travers
le voile qu'elles portent. De nombreuses guitares de couleurs très
vives, rouges ou violettes le plus souvent, donnent des touches
joyeuses à ses oeuvres, qui évoquent la modernité et l'espoir.
« D’habitude je peints sur les murs des femmes en burqa avec
des formes modernes, je veux parler de leur vie pour trouver un moyen
de les sortir de l’ombre, pour leur ouvrir l’esprit, pour
apporter des changements positifs, en essayant d’enlever tous les
mauvais souvenirs de la guerre de la tête des gens en couvrant les
murs tristes de la ville par des couleurs joyeuses. » Par ses
oeuvres, elle souhaite ainsi mettre en lumière les souffrances
vécues depuis plusieurs décennies par les Afghans, et notamment les
femmes, dans une société très conservatrice qui place les femmes
en dessous des hommes.
Son
message est d'autant plus efficace qu'il est visible par tous : tout
le monde peut voir ses oeuvres dans la rue, l'accès à l'art n'est
pas réservé qu'aux élites. Dans un pays où la première
université n'a ouvert qu'en 1930 et en 1947 pour les femmes, elle
souhaite que tout le monde puisse être conscient qu'il reste
beaucoup à faire concernant les droits des femmes, personne ne
pourra dire : "je n'étais pas au courant". Sa démarche ne
concerne pas que les Afghans puisqu'elle expose également dans les
ambassades étrangères à Kaboul, dans plusieurs pays comme
l'Allemagne, l'Italie, l'Inde et sur le net.
Toutefois,
Shamsia Hassan prend de gros risques dans son travail d'artiste
engagée. Les artistes du "street art" risquent la prison,
son engagement pour le droit des femmes ne plaît pas à tout le
monde et c'est sans compter un retour toujours possible des Talibans.
Son oeuvre et son travail sont d'autant plus remarquables.
Gabriel
Vallejo et Alexandre Mignucci
Sources :
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