Agir contre le gâchis alimentaire
Inès Otosaka et Gaspard Charles
Chaque année en France, 6.3 millions de tonnes de nourriture sont
perdues tout au long de la chaîne alimentaire.
Depuis quelques temps on peut apercevoir, la nuit tombée, des gens
fouillant dans des poubelles aux abords des supermarchés de la plupart
des grandes villes. Ces personnes participent à un mouvement appelé «
freeganism ». Ce terme, né de « free » et « veganism », désigne les
personnes qui, pour s’opposer au gâchis alimentaire, récupèrent les
produits jetés par la grande distribution qui n’ont pourtant rien perdu
de leurs qualités nutritives. Ils dénoncent ainsi les pratiques de
l’industrie agro-alimentaire, ainsi que celles des supermarchés, qui
provoquent des conséquences désastreuses tout au long de la chaîne
alimentaire. Un tiers de la production mondiale de nourriture n’est
jamais consommée alors que plus de 800 millions de personnes souffrent
de faim chronique dans le monde.
Les raisons d’un tel gâchis
L’acheminement des denrées alimentaires du producteur jusqu’au consommateur, en passant par les étapes de transformation, est de plus en plus long et complexe. Le gâchis des produits alimentaires survient tout d’abord lors de la récolte, où une mauvaise estimation de la demande peut causer une surproduction et donc de nombreux invendus.
L’acheminement des denrées alimentaires du producteur jusqu’au consommateur, en passant par les étapes de transformation, est de plus en plus long et complexe. Le gâchis des produits alimentaires survient tout d’abord lors de la récolte, où une mauvaise estimation de la demande peut causer une surproduction et donc de nombreux invendus.
Lors du transport de ces produits, des mauvaises méthodes peuvent
conduire à une rupture de la chaîne du froid ou encore à la
détérioration des aliments due aux chocs par exemple. L’étape la plus
critiquée est la transformation industrielle des aliments, où les
standards esthétiques arbitrairement fixés par l’industrie
agro-alimentaire engendrent un refus systématique d’un grand nombre de
produits pourtant comestibles. Plusieurs exemples choquants ont été
relevés par des activistes dans les usines de l’enseigne britannique
Marks et Spencer qui oblige ses fournisseurs à jeter systématiquement
quatre tranches de chaque pain de mie produit. Avant d’arriver dans nos
réfrigérateurs, les denrées alimentaires sont acheminées, stockées et
distribuées par les supermarchés. Le gâchis des supermarchés revêt un
caractère symbolique car c’est la seule étape avec laquelle le
consommateur entretient un lien direct.
"En France, un supermarché jette en moyenne 197 tonnes de nourriture par an"
Tristram Stuart, auteur du livre WASTE: Uncovering the Global Food Scandal
Les
supermarchés ont une politique très stricte concernant les invendus,
les produits dont la date de péremption est dépassée et les produits non
conformes : ils préfèrent les jeter plutôt que de les vendre ou de les
donner. En France, un supermarché jette en moyenne 197 tonnes de
nourriture par an alors que la question du gaspillage alimentaire est de
plus en plus souvent soulignée. Bien qu’ils soient encore comestibles
pour la plupart, certaines enseignes vont même jusqu’à rendre ces
produits impropres à la consommation en les aspergeant d’eau de javel,
ou en cadenassant leurs poubelles.
Une prise de conscience citoyenne
De nombreux facteurs participent à l'émergence d’une conscience alimentaire plus prononcée, comme le montre la tendance actuelle pour les produits bio, locaux et de saison. Cet engouement récent est favorisé par le désir d’une alimentation plus saine et une prise de conscience du gâchis engendré par les habitudes de consommation actuelles. Il est aujourd’hui crucial de lutter contre le gaspillage, d’autant plus que le nombre de personnes ne mangeant pas à leur faim augmente et que la distribution de repas par les restos du cœur atteint désormais plus de 130 millions de repas chaque année.
Une prise de conscience citoyenne
De nombreux facteurs participent à l'émergence d’une conscience alimentaire plus prononcée, comme le montre la tendance actuelle pour les produits bio, locaux et de saison. Cet engouement récent est favorisé par le désir d’une alimentation plus saine et une prise de conscience du gâchis engendré par les habitudes de consommation actuelles. Il est aujourd’hui crucial de lutter contre le gaspillage, d’autant plus que le nombre de personnes ne mangeant pas à leur faim augmente et que la distribution de repas par les restos du cœur atteint désormais plus de 130 millions de repas chaque année.
La pression des consommateurs force la grande distribution à engager
des démarches, comme de promouvoir les circuits courts, de proposer des
fruits et légumes bio, ou encore l’apposer des réductions sur les
produits en date courte. Dans cette optique, l’enseigne Intermarché a
lancé en 2013 une campagne en faveur de la consommation de fruits et
légumes « moches », d’ordinaire rejetés par les supermarchés. Ces
produits étaient vendus moins cher et les consommateurs ont ainsi pu
constater par eux-mêmes que leur aspect n’avait aucune influence sur
leur goût. L’action, accompagnée d’une campagne publicitaire, a été
saluée par les consommateurs et les médias, et a conduit à la création
d’un collectif « Les gueules cassées » chargé de vendre ces produits.
Si les supermarchés ont du mal à se mobiliser, les actions de «
freeganism » commencent à sortir de la marge en France et à se répandre
dans les grandes villes. Le 15 novembre dernier, le collectif « Les
Gars'pilleurs » a organisé, dans le cadre de son tour de France, une
distribution gratuite au Cours Julien à Marseille. Résultat d’une
opération nocturne en centre-ville et en périphérie, le collectif a pu
distribuer : 150 kg de fruits, 22 kg de pâtes, 35 kg de yaourt, et 38 kg
de boulangerie. Tout cela en quelques heures et avec grande facilité,
en ouvrant seulement les poubelles bien en vue et en demandant aux
commerçants les restes de leur journée.
Leurs actions, bien que ponctuelles montrent de manière choquante à quel point le problème de la faim dans le monde est plus un problème de gestion que de production.
Leurs actions, bien que ponctuelles montrent de manière choquante à quel point le problème de la faim dans le monde est plus un problème de gestion que de production.
Sources :
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