Les commotions cérébrales,
un enjeu majeur dans le rugby
un enjeu majeur dans le rugby
Les instances du rugby ont fait des progrès en ce qui concerne la prévention des commotions cérébrales, mais doivent encore faire des avancées décisives pour préserver la santé des joueurs.
Plus de violence, plus de chocs répétés.
Si le rugby a toujours été un sport de contact, il se transforme peu à peu en un sport de collision. C’est ce que confirme l’étude de World Rugby, l'organisme international qui gère le rugby à XV et le rugby à sept. En 15 ans, le poids des joueurs a augmenté de 10% et le temps au 100m a baissé de 5% en moyenne. Les joueurs sont plus lourds et plus rapides, et plaquent plus souvent. Ainsi, ces 15 dernières années le nombre de plaquages moyen par match est passé de 160 à 220.
S’il est vrai que le jeu devient plus violent, il s’inscrit pourtant dans un contexte de prise de conscience des dangers des commotions cérébrales. En effet, la commotion cérébrale est la blessure la plus répandue pendant un match de rugby, et de nombreuses études ont montré ses effets néfastes à long terme sur la santé des joueurs. C’est aussi le cas dans le football américain: en 2016, la NFL a payé 1 milliard de dollars de dédommagements à d’anciens joueurs. Ceux-ci souffraient d’une maladie neurologique due aux chocs répétés, probablement une encéphalopathie traumatique chronique (CTE). Cette maladie, connue avant 2002 comme la dementia pugilistica, ou la “maladie du boxeur”, est diagnostiquée depuis peu chez les sportifs retraités dans d’autres sports que la boxe, tels que le football américain, le hockey sur glace, et le rugby.
De nouvelles règles et protocoles médicaux
En quelques années, la commotion cérébrale est passée du stade d’une blague au sujet le plus important dans le monde du rugby. Des protocoles d’évaluation des commotions cérébrales ont été mis en place pendant les matchs, afin d’interdire aux joueurs ayant subi une commotion de rentrer à nouveau sur le terrain. Ainsi, World Rugby assure que le pourcentage de joueurs restant sur le terrain après une commotion est passé de 56% avant l’implémentation du HIA (Head Injury Assessment) en 2012, à 8% sur la saison 2015-2016, dans 22 compétitions de haut niveau internationales.
World Rugby essaie également de lutter contre les situations menant à des commotions, en encourageant les arbitres à être plus stricts en ce qui concerne les plaquages au-dessus de la ligne des épaules. Cependant, si dans un premier temps cette politique de sévérité s’est montrée efficace, elle a été vite oubliée pendant le Tournoi des Six Nations...
Une culture à changer
Conor Murray récupérant de sa troisième commotion cérébrale de l’année 2015. Crédits : Matt Browne / SPORTSFILE
« Que ce soit les commotions ou d’autres blessures,
le rugby est devenu pratiquement injouable »
Dr Willie Stewart, BBC Sport
Enfin, les instances du rugby se concentrent uniquement
sur les joueurs professionnels, alors que ce problème s’étend au jeu amateur et
notamment aux plus jeunes. Ceux-ci sont plus fragiles et ne bénéficient pas des
soins accordés aux professionnels, pourtant ils reproduisent les tendances du rugby
professionnel qu’ils voient à la télévision. Aujourd’hui, 15 minutes d’arrêt
sont accordées pour le traitement d’une coupure mais seulement 10 minutes pour
le diagnostic d’une commotion : des efforts ont été faits, mais c’est toute la
culture du rugby qui doit continuer de changer.
Victoria Gravure
Sources :
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