Jérusalem,
capitale d’Israël… pour les Etats-Unis ?
Victoria Gravure et Mathilde Matly
Le président Donald Trump a annoncé le 6 décembre 2017 que les Etats-Unis reconnaissaient officiellement Jérusalem comme la capitale d’Israël. Agissant de manière unilatérale, il a sorti les Etats-Unis de leur traditionnelle neutralité en provoquant une vague de réactions à l’international.
Donald
Trump a déclaré lors d’une allocution qu’il
avait décidé qu’ « il est temps de reconnaître officiellement
Jérusalem comme la capitale d’Israël », et qu’il allait y installer
l’ambassade américaine. Le Président a ajouté que son annonce marque « le
commencement d’une nouvelle approche du conflit israélo-palestinien ».
Par cet
acte, il détruit la neutralité que les Etats Unis s’étaient efforcés de tenir
depuis 70 ans et a scandalisé les
Palestiniens, qui revendiquent également la ville depuis l’annexion de Jérusalem-Est par Israël en 1967.
Cette
décision va donc aggraver la situation
palestinienne. En 2015, les Palestiniens représentaient 37% de la population de
Jérusalem et les trois quarts d’entre eux vivent en-dessous du seuil de
pauvreté, et un quart vit dans des quartiers séparés du reste de la ville par
des barrières.
Pour l’instant, les Etats Unis ne reconnaissent
pas sur leurs cartes la ville de Jérusalem comme faisant partie d’Israël, ce
qui devra être modifié par le
gouvernement de Donald Trump.
Cependant, selon le secrétaire d’Etat Rex Tillerson, l’ambassade des
Etats Unis ne se déplacera pas avant 2020.
Réactions
immédiates à l’international
La
déclaration de Donald Trump a suscité beaucoup d’émoi à travers le monde.
Pour les
Palestiniens, elle signifie la
fin de leur espoir de déclarer un jour Jérusalem-Est comme la capitale d’un
Etat palestinien indépendant. Le président Palestinien Mahmoud Abbas a déclaré que les Etats Unis perdaient
ainsi leur rôle de médiateur de la paix et anéantissaient tous les efforts faits
auparavant. Pour le leader du mouvement islamiste Hamas, Ismaël Haniyeh, c’est
une agression directe et une déclaration de guerre contre le peuple
palestinien. Il est même allé jusqu’à déclarer une nouvelle intifada.
En
revanche, Israël approuve cette décision, qui vient renforcer l’idée que rien
ne pourra être fait uniquement en négociant avec les Palestiniens. Pour le
premier ministre Israélien Benjamin Netanyahu, cet acte est un pas historique
et le nom de Trump fera partie de l’histoire d’Israël. Mais les propos du Président viennent empirer
une situation déjà tendue dans la région.
Ainsi,
pendant une manifestation pro-palestinienne contre la décision de Donald Trump
le 8 décembre à Gaza, 4 Palestiniens ont été tués par des forces israéliennes.
On compte également plus de 300 blessés. Lorsque le vice-président étasunien Mike
Pence a voulu visiter Israël la semaine suivant la déclaration, les dirigeants
palestiniens ont refusé de le rencontrer.
Les chrétiens
présents en Terre Sainte condamnent eux aussi la
décision de Donald Trump. Le patriarche orthodoxe de Jérusalem Théophilos
III a ainsi déclaré que cet acte “va provoquer
une montée de la haine, des conflits, de la violence et de la souffrance à
Jérusalem et en Terre Sainte, nous éloignant toujours plus d’un objectif
d’unité et nous rapprochant d’une division destructive”.
Enfin à
Bruxelles, la majorité des dirigeants européens, pour la plupart pro-Palestiniens, ont
également rejeté la déclaration de Trump. La première ministre britannique Theresa
May a par exemple jugé que ce changement était “contre-productive en termes de
perspectives de paix dans la région”.
Les Nations Unies condamnent cette décision
Le conseil de Sécurité des Nations Unies s’est réuni le lundi 18 puis le jeudi 21 décembre 2017 pour discuter des récents évènements concernant le statut de Jérusalem. L’Assemblée Générale des Nations Unies a dénoncé les récents actes qui ont ébranlé l’équilibre qui existait dans la région, en votant 128 voix sur 193 pour la conservation du statut international de la ville. Peu de temps avant le vote, Trump a menacé de couper les financements aux pays qui voteraient contre sa décision, et l’ambassadrice américaine à l’ONU Nikki Haley a déclaré que les Etats-Unis se souviendrait quels pays n’ont “pas respecté” les Etats-Unis en votant contre eux.
Sources
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